Comment vivre la meilleure journée ? Un doux rappel de la mort
Peu d’entre nous se réveillent le matin en s’imaginant que ce pourrait être la dernière journée de notre vie sur Terre. Et pourtant ce serait peut-être bénéfique de se l’imaginer de temps en temps, histoire de remettre en place nos priorités. Et si chacun de nous faisait ce petit exercice aujourd’hui ? Non pas pour rester paralysé(e), triste de tout laisser derrière soi, mais plutôt pour voir si sa journée se déroulerait de la même manière.
Je tente, en toute humilité, le test. Et me fais la promesse d’essayer d’atteindre ne serait-ce que la moitié de cet idéal…même si j’en suis encore bien loin…
Première résolution
Si j’avais appris qu’aujourd’hui serait ma dernière journée sur Terre, premièrement j’aurais commencé par dire « bismiLlah » pour récolter toute la barakah d’Allah dans chacune de mes actions, et je L’aurais invoqué par Ses plus beaux Noms afin qu’Il m’accorde la sincérité et l’humilité tout au long de la journée, et qu’Il accepte mes actions, ainsi que celles de tous les musulmans.
C’est tout bête mais en temps normal on l’oublie tellement. Ce petit mot : bismiLah ! A chaque instant, avant chaque action.
Le jeûne et la prière : le repos de l’âme
Et j’aurais décidé de jeûner, ce jour là.
J’aurais remercié Allah de ne pas avoir repris mon âme la veille, pleine d’insouciance, et j’aurais récité l’invocation du réveil, me serais vêtit de mon plus beau et grand sourire. Je me serais demandé ce que je pourrais faire aujourd’hui pour me rapprocher un peu plus d’Allah et j’aurais commencé par faire mes grandes ablutions. J’aurais frotté un bâton de miswak sur mes dents, et me serais habillée de mes plus beaux vêtements avant de me parfumer… pour prier.
Prier en oubliant tout ce qui m’entoure.
En articulant chaque lettre des versets du Coran récitées et les imaginant sortir de la bouche du Prophète Mouhammad, que la Paix et le Salut d’Allah soient sur lui. Je me serais inclinée avec humilité en m’abandonnant à la grandeur d’Allah, jusqu’à ressentir la paix dans mon cœur. Je me serais relevée avec plus d’humilité encore, les pieds ancrés au sol, la tête baissée, en louant Allah pour Sa perfection. J’aurais levé les bras en déclarant Sa grandeur, Allaho Akbar, avant de me prosterner lentement. Lorsque mon front aurait touché le sol, mes yeux se seraient mis à tremper l’avant du tapis de prière. Des larmes de soumission, de remerciement, d’amour et de repentir.
J’aurais remercié Allah de m’avoir créée, de m’avoir nourrie, abreuvée, vêtit, protégée et de m’avoir accordé l’amour et le soutien de ma famille pendant toutes ces années. Je lui aurais demandé pardon pour toutes les personnes que j’avais jugées, tout le mal que j’avais soupçonné, toute la jalousie ou l’orgueil que j’avais pu éprouvés, tout le mal que j’avais fait à mon âme et à tout être humain, et toute l’ingratitude dans laquelle j’avais vécu. J’aurais supplié Allah de me pardonner pour chaque injustice que j’avais commise, et pour ne pas L’avoir adoré et remercié comme Il le méritait. Pour chaque fois où je m’étais plaint de quelque chose alors que je n’avais pas fini de Le remercier pour tous les bienfaits qu’Il versait sur moi chaque jour.
Je serais resté sur mon tapis après la salutation finale, en évoquant la Perfection d’Allah, et en le remerciant pour tout ce qu’Il m’avait accordé sur terre alors qu’Il en avait privé des milliards.
J’aurais prolongé ce moment intime avec Allah en lisant Sa parole comme une lettre d’adieu.
Et j’aurais prié, ce jour-là, chaque prière surérogatoire que le Prophète avait pour habitude de faire dans la journée, si Allah me l’avait permis.
Le bon comportement : preuve d’amour envers Allah et son prochain
Ce jour là, je ne me serais pas soucié des personnes qui n’avaient pas répondu à mes messages, et je ne me serai pas vexée. Si personne n’avait pris de mes nouvelles, j’aurais quand même pris des leurs, sans rien retenir dans mon cœur.
J’aurais souri à la critique et ri aux insultes.
Je n’aurais pas remarqué les bousculades dans le bus et n’aurais eu aucun scrupule à refuser toute activité ou sortie proposées à proximité des heures de prières.
Ce jour là, j’aurais donné de l’argent à tous les mendiants qui auraient pu croiser ma route. Je n’aurais pas rempli mon ventre, même si l’on m’avait servi les meilleurs plats gastronomiques sur Terre.
Je n’aurais refusé aucun service, peu importe le peu d’égard avec lequel il aurait été demandé. Je me serais portée volontaire pour toutes les tâches que personne ne souhaitait faire et ne me serais pas départi de mon sourire.
J’aurais remercié mes parents, mes frères et sœurs, mes amis, et mes voisins pour chaque sourire, chaque compliment, chaque conseil, chaque moment qu’ils m’avaient accordés. J’aurais écouté ma mère pendant une heure et demi sans la couper une seule fois, en souriant du fond du cœur, en admirant ses traits et son sourire. Je l’aurais fait rire en lui racontant sa blague préférée, et l’aurait embrassée.
J’aurais appuyé ma joue contre l’épaule de mon père en lui demandant de me raconter sa jeunesse et en savourant l’expression de fierté qu’il aurait ressentie en me racontant ses premières années, une à une. Sans me lasser.
J’aurais cuisiné le plat préféré de mes parents sans qu’ils ne me le demandent, avec tout l’amour que j’aurais pu y mettre. Et si Allah me l’avait permis, ma langue n’aurait pas cessé de Le glorifier et Le louer en préparant le repas, ainsi que tout au long de la journée.
Ce jour là, j’aurais tout fait pour Allah sans attendre de remerciements, de respect, ou de gentillesse de qui que ce soit. J’aurais tout donné sans rien attendre en retour.
Ce jour là, je n’aurais fait de reproche à personne, et n’aurais été agacé par le comportement de personne. Ce jour là, j’aurais été la plus facile à vivre.
Si quelqu’un était venu se plaindre à moi d’une épreuve qu’il était en train de subir, j’aurais compati, et l’aurais rassuré en lui disant que tout chagrin a une fin. Je lui aurais dit que maintenant, sachant que la mort m’attendait à la fin de cette journée, je n’arrivais pas à me souvenir d’une seule épreuve et qu’aucune souffrance ne me semblait avoir été vécue. Je lui aurais dit d’invoquer Allah afin qu’Il le rende plus fort et qu’Il purifie son âme et son cœur. Je lui aurais dit qu’il était préférable que Le Tout-Puissant le change lui plutôt que la situation qu’il vivait. Je lui aurais dit que le but d’une épreuve est de nous amener à devenir une meilleure personne et d’acquérir des qualités que l’on n’avait pas en nous, que ce monde allait finir par être détruit et qu’il n’en resterait plus rien un jour.
Cela aurait été la seule chose dont je me serais souciée, ce jour là : mon âme. Mon cœur. Auraient-ils été assez purs pour mériter le repos éternel qu’Allah nous promet dans des Palais de Cristal?
Ce jour là, je n’aurais jugé personne. Pas même par la pensée.
Le bon soupçon : la paix de l’âme
Si j’avais entendu du mal d’une personne, je l’aurais défendue en affirmant qu’Allah Seul pouvait savoir si ce que l’on rapportait était vrai, et même si ça l’était, je me serais assise pour chercher 70 bonnes raisons pour lesquelles elle aurait pu agir de la sorte.
Si j’avais vu la méchanceté d’une personne de mes yeux, je me serais rappelé le bien en elle, et me serais dit qu’Allah était capable de faire de sa descendance une famille pieuse.
Si on m’avait fait une injustice ce jour là, j’aurais souri, et dis à la personne que je lui pardonne sincèrement. Parce que l’Au-delà aurait été trop présent dans mon esprit ce jour là pour me soucier du mal qu’on m’aurait fait, ou de ce qu’un tel aurait dit sur moi. Et parce qu’on ne regrettera jamais d’avoir été trop gentil sur son lit de mort, j’aurais demandé à tous mes proches et amis de me pardonner, pour chaque mot blessant ou irritant que j’aurais dit, pour toutes les fois où j’avais levé les yeux au ciel, soupiré d’agacement, ou lancé un regard noir de colère. Pour toutes les fois où je m’étais plaint de qui que ce soit ou de quoi que ce soit ; pour toutes les fois où j’avais voulu prouver à l’autre que j’avais raison lors d’un débat, ou que j’avais refusé de m’excuser par fierté ; pour toutes les fois où j’avais rapporté le mauvais comportement que quelqu’un avait eu avec moi et que cela avait changé la vision que les gens avaient de lui.
J’aurais demandé pardon à mes parents pour toute la lassitude que je montrais sur mon visage lorsqu’ils me racontaient une histoire trop longue, ou qu’ils me répétaient les même discours encore et encore. J’aurais vu la sagesse dans tous les conseils qu’ils m’avaient donnés et que je refusais d’entendre.
J’aurais énuméré leurs qualités et aurais vu qu’elles surpassaient de loin leurs défauts.
Ce jour là, je ne me serais arrêté sur le défaut de personne tant j’espère qu’Allah ne s’arrêtera pas sur les miens lors du Jugement Dernier. Et d’ailleurs je ne pense pas que j’aurais remarqué les défauts de qui que ce soit, ce jour là.
J’aurais veillé à ce que chaque membre de ma famille se sente compris, aimé, écouté. J’aurais veillé à donner toute l’attention dont chacun d’eux avait besoin afin qu’ils se sentent tous heureux.
Le Coran : véritable source de tranquillité
J’aurais révisé mon Coran en m’assurant qu’il soit gravé en moi et me préparerais sincèrement pour le moment où les Anges appelleraient mon nom afin que j’aille me tenir devant mon Seigneur, Lui réciter Ses paroles.
Ce jour là, je ne me serais pas plaint de ne pas avoir assez voyagé, ou que mes parents avaient été trop strictes dans ma jeunesse.
Ce jour là, je ne me serais pas plaint de la chaleur ou du froid, ni de l’humidité ou du vent. Je ne me serais pas plaint d’une migraine, ou du bruit des voisins.
Je ne me serais pas plaint de l’état de la Oumma, ni des musulmans en France ou de l’image que certains renvoyaient de l’islam.
En fait, je n’aurais pas eu l’envie de me plaindre de quoi que ce soit, tant j’aurais compris et ressenti tous les bienfaits que j’avais pu vivre dans ces situations, en lisant la Parole d’Allah ; tant la taille qu’aura ma tombe m’aurait préoccupée du matin au soir.
D’ailleurs, en début de soirée, je me serais souvenu de rompre mon jeûne en buvant une gorgée d’eau à l’heure du Maghreb. En attendant la prière du ‘icha, j’aurais prié, pour confier mes craintes à Allah, et entendre encore Ses paroles tout en les récitant.
J’aurais su tout au long de cette journée que je faisais ces adorations et bonnes actions pour me rapprocher d’Allah, dans le but qu’Il m’aime, et j’aurais admis sincèrement qu’elles ne pourraient jamais me faire entrer au Paradis sauf sans l’autorisation d’Allah à y entrer. Ce ne serait que par Sa miséricorde et je l’aurais reconnu et aurais pleuré.
J’aurais récité les sourates Al Mulk et Al Sajda avant de dormir, en pensant à notre bien-aimé prophète Mohamed, paix et salut sur lui, en train de les réciter aux côtés de ‘Aisha à Médine, et, j’aurais sûrement ressenti le regret de ne pas avoir mérité de le voir en rêve au moins une fois dans ma vie.
Le rappel d’Allah jusqu’au dernier souffle
Puis je me serais allongée. Je me serais très vite souvenue que je ne me réveillerais pas le lendemain, alors je me serais levée prier jusqu’à ce que la fatigue puisse avoir raison de mes jambes et de ma voix.
J’aurais supplié Allah encore et encore de me pardonner, ainsi qu’à toute ma famille. J’aurais supplié Allah d’accorder la patience à ma famille lorsqu’ils auraient compris qu’Il avait repris mon âme, et je Lui aurais demandé qu’Il leur remplace ma présence par Sa proximité.
Allongée sur ma droite, je me serais demandé si j’avais tiré le maximum de cette dernière journée qu’Allah m’avait accordée sur terre. La réponse aurait sûrement été négative. Mais j’aurais su que la perfection ne serait jamais atteinte sur terre, et que même si j’avais été un ange ou un prophète, je n’aurais jamais pu adorer Allah à la hauteur de ce qu’Il méritait. Je me serais souvenu que le Paradis n’appartient pas aux gens parfaits mais à ceux qui se repentent alors j’aurais utilisé mes dernières forces pour demander pardon à Allah, en pensant à chaque péché que j’avais pu commettre, chaque imperfection que comportaient mes adorations, chaque goutte d’orgueil et de fierté que portait mon cœur, chaque injustice à laquelle j’avais été témoin sans agir.
Puis j’aurais fermé les yeux et pris une profonde inspiration de cet air dont Allah ne m’avait jamais privé une seule fois dans ma vie malgré mes péchés, mes mensonges, les injustices que j’avais commises, et les adorations que j’étais trop paresseuse pour faire.
J’aurais pensé ne pas être prête à l’idée de rencontrer mon Seigneur, et ce même si Allah m’avait accordé cent ans de plus sur terre pour l’adorer, mais j’aurais eu pleinement confiance en Lui, en Sa Miséricorde, Son Amour, Sa douceur et Sa justice, et je n’aurais demandé rien à part Le voir et passer l’Eternité en Sa compagnie.
Puis je me serais enfin abandonnée à mon dernier sommeil, en me demandant ce qui m’avait empêché de vivre toute ma vie comme cette journée.
L’insouciance nous accompagne pourtant depuis toutes ces années alors que nous ne savons pas quand la mort nous reprendra ; alors que nous savons pertinemment, en nous couchant chaque soir, que nous pouvons ne pas nous réveiller le lendemain.
Puisse Allah avoir pitié de nous, nous faire miséricorde et nous permettre de finir notre vie sur de tels actes de soumission et d’amour pour Lui Seul. Amin
Et vous, comment feriez-vous si l’on vous annoncez que vous vivez votre dernier jour? Dites-le nous en commentaires.
Un texte écrit par AmatuLah
Revu et corrigé par l’équipe de Coran Français